Rencontre avec Christophe Pignol, onco-coach à la clinique Bonneveine de Marseille
Onco-coach , c’est nouveau cette spécialité?
« Oui c’est une formation proposée par l’université d’Aix-Marseille depuis très peu de temps. Elle a été créée à la demande des médecins qui eux se concentrent sur les soins de lutte contre le cancer, et voulaient proposer un accompagnement à leur patient pour mieux vivre avec cette pathologie. Cette innovation est le résultat d’une alliance entre la faculté de médecine et celle des sciences et du sport. Cette dernière a développé depuis longtemps une académie des coachs qui ciblent les sportifs de haut-niveau. Ce savoir-faire basé sur la psychologie positive et les théories motivationnelles a été adapté pour répondre à la spécificité des personnes frappées par la maladie.
Après cette formation, j’ai donc obtenu un certificat universitaire et intégré le service pluridisciplinaire des soins de support en cancérologie à la clinique Bonneveine de Marseille en 2022. J’interviens, aux côtés d’autres professionnels, des kinés, psychologues…pour accompagner des patients, dont la maladie est contrôlée, pour qu’ils puissent reprendre leur vie en main. Car après les soins purement médicaux, ce n’est pas simple et parfois c’est très dur. Les malades ont mobilisé énormément de ressources pendant leur traitement, entourés de leur médecin, des infirmières. Ensuite nouvelle étape, la vie doit reprendre son cours, mais c’est tout sauf un retour à une vie normale : la première question c’est : « et maintenant je suis en vie mais pourquoi faire ? Quel sens donner à ma vie ? »
Quel est votre parcours?
« Justement j’ai traversé cette épreuve, j’étais un sportif de haut niveau, footballeur professionnel pendant 12 ans au FC Nantes, à l’AS Monaco, au Losc. A 31 ans ma carrière s’est interrompue après une leucémie aiguë. Je m’en suis sorti grâce aux traitements très performants, reçus à l’institut Paoli-Calmettes. Le protocole terminé, retour à la maison mais j’avais perdu mon boulot de footballeur, ma place de papa, d’époux, de copains…C’était vraiment très difficile. Il m’a fallu reprendre mes marques. Du coup, aujourd’hui, les difficultés des patients, leur questionnement, ça me parle! Après la maladie une nouvelle prise en charge s’impose pour accompagner cette reconstruction et retrouver son autonomie. C’est un parcours long, parfois difficile, mais aussi enrichissant pour définir quels sont ses propres besoins et aspirations. Il n’y a que des histoires individuelles et pas de mode d’emploi. »
Quels sont vos liens avec La Niaque l’Asso?
« J’ai rencontré Mathilde Buhot, la représentante de la Niaque quand une session a été ouverte à Marseille. Jusqu’ici il n’y a pas de structure institutionnelle adaptée pour répondre aux besoins des personnes après cancer. Or la question se pose très rapidement quand elles reviennent à la maison : « que vais-je faire de ma vie? » Ce volet retour à l’emploi est primordial pour la majorité d’entre elles. Comment s’orienter ? Quels sont mes droits? Comment reprendre ? Quelle reconversion ? C’est donc très important que des associations s’emparent de ce sujet pour les accompagner sur leur reprise ou reconversion professionnelle sur le plan psychologique, administrative, juridique. Dès la première session, j’ai adressé 4 ou 5 patients à la Niaque. Se regrouper pour ne pas être seul, partager son expérience, ses interrogations, savoir que d’autres sont dans la même situation et que son questionnement est tout à fait légitime, tous ces éléments participent à la reconstruction de l’individu. Pour moi, la Niaque est un relais complémentaire à ma démarche d’onco-coach à la clinique Bonneveine. «