Le docteur Borhane Slama, chef du service en onco-hématologie du centre hospitalier Henri Duffaut d’Avignon, et son équipe, ont dévoilé, le 14 juin dernier, les résultats de leur dernière étude portant sur l’origine des cancers de leurs patients. Pour cette occasion, la Niaque l’Asso invitée en tant que partenaire, était représentée par Catherine de La Fuente.
Parmi les résultats, on retiendra que 94 % d’entre eux ont été exposés à des produits cancérogènes, sans pour autant avoir acquis la reconnaissance de maladie professionnelle. Une reconnaissance qui leur ouvrirait pourtant une meilleure prise en charge.
Créé en 2017, le Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle et environnementale dans le Vaucluse (Giscope 84) mène des enquêtes systématiques sur les expositions professionnelles aux cancérogènes subies par leurs patients. Objectifs ? améliorer la connaissance scientifique sur les effets délétères de l’exposition aux produits cancérogènes, faciliter l’accès aux droits des malades, en particulier la reconnaissance de la maladie professionnelle et enfin prévenir la survenue de nouveaux cas.
En effet, selon les chiffres de la Sécurité sociale, entre 50 700 et 80 400 cancers détectés chaque année, ne sont pas reconnus comme maladie professionnelle. Ce que confirment les études menées par le Giscope 84. Lors de sa réunion du 14 juin dernier, les chercheurs ont détaillé leurs travaux de recherche portant sur l’année 2023.
L’étude montre que les 94 % des patients atteints de cancer du sang suivis par le service d’hématologie clinique et oncologie médicale du Centre Hospitalier d’Avignon, ont subi, dans leur travail, une poly-exposition à au moins trois cancérogènes. En moyenne, les patients ont subi des expositions à six cancérogènes différents au cours de leur carrière. L’exposition aux pesticides est particulièrement répandue dans l’agriculture, la filière agro-industrielle, le travail du bois, textile, BTP… Le nettoyage est également ciblé comme exposant, y compris pour les personnes utilisant des produits ménagers « grand public ».
Les inégalités sociales devant l’exposition aux agents cancérigènes sont massives, ainsi près des deux tiers des postes exposés étant sont occupés par des ouvriers.
Les médecins soulignent à nouveau, que l’accès de leurs patients au statut de maladie professionnelle, est difficile et relève d’un parcours du combattant. Or à l’issue de l’expertise des parcours professionnels, plus de la moitié des patients ont pourtant été considérés comme éligibles à la reconnaissance en maladie professionnelle par le collectif d’expertise du GISCOPE 84. Mais pour près de 98 % d’entre eux, leur cancer n’a pas été reconnu comme une maladie professionnelle. Là encore, de fortes inégalités d’accès au droit existent, notamment avec une invisibilité particulière des cancers d’origine professionnelle chez les femmes professionnelles du nettoyage.