PARRAINS / MARRAINES

La Niaque l’Asso c’est une exceptionnelle communauté de parrains et marraines. Nous publierons régulièrement leurs portraits.​

Isabelle Tzouganakis, « Drôle de Dame » ou Superwoman ?

Isabelle est polyglotte, de par ses études de langues, sa vie en Allemagne et ses différents emplois pour des entreprises allemandes, mais aussi son mariage avec un Crétois, la Grèce où ils ont vécu presque deux ans avant de revenir en France et de s’installer à Lyon. Elle parle anglais et apprend l’espagnol. Mais c’est en français qu’elle se raconte et décrypte très bien son parcours.
Isabelle s’est construite dans l’absence du regard des parents : son papa est décédé lorsqu’elle avait 6 ans, et sa maman à ses 20 ans. Pourtant, cette dernière reste son modèle : « débrouillarde, persévérante, déterminée, optimiste ». C’est ainsi qu’elle en brosse le portrait et d’ajouter : « c’est pour qu’ils soient fiers de moi que j’ai tout mené de front ». Superwoman ? Oui. Elle a été pendant des années une femme dynamique, moderne, comme les magazines nous en vendent : travail, enfant, mari et Femme. Elle n’a rien lâché, elle ne s’est pas posé de questions, jusqu’en 2014, année où elle est licenciée économique. 6 mois plus tard, alors qu’elle a recommencé un nouvel emploi, la maladie se déclare. Le harcèlement qu’elle a vécu pendant 4 ans dans son précédent emploi n’est certainement pas anodin. Isabelle pense d’ailleurs que si la maladie ne l’avait pas frappée, le burnout l’aurait rappelée à l’ordre.
Cancer du sein, doublé d’un cancer de la peau. Peur de mourir. Chimio-radiothérapie-immunothérapie et une pneumopathie en prime. Un retour au travail après un arrêt maladie de 18 mois qui se passe mal car son employeur attend qu’elle retravaille à temps plein, comme avant. Ces quelques mots résument un enchainement violent : la rupture professionnelle, suivie d’un long passage par la dépression, conséquence probable de l’attitude de l’employeur, mais aussi de l’interprétation d’Isabelle de son statut « invalidité 1 » sans compter que la séparation d’avec son employeur se fait pour « inaptitude », terme qu’elle traduit dans toutes ses langues par « je suis inapte ».
Mais Isabelle est fondamentalement une femme positive alors le temps de la maladie devient un temps d’introspection : « J’ai apprivoisé mon double cancer » dit-elle, et de préciser : « j’ai décidé de lui parler ». Ce cancer qui s’est déclaré, elle ne lui répond pas par une déclaration d’amour, mais elle caractérise sa maladie par un adjectif au féminin : « salvatrice », la couple à l’injonction « donner du sens à la maladie » et de préciser « je me suis découverte avec la maladie ». Sa rencontre avec Sophie Caruso, fondatrice de l’association, avec laquelle elle partage un lien d’enfance, n’est pas un hasard fortuit : « La Niaque est arrivée à bon escient sur mon chemin ». En 2021, elle intègre le programme La Niaque-Lyon. Au départ, elle ne veut que picorer dans le programme, mais très vite elle l’intègre à part entière.
Aujourd’hui, Isabelle est toujours « la tornade », elle est aussi une « Drôle de Dame », puisqu’elle joue dans la troupe de théâtre de la Ligue contre le cancer du Rhône. Elle a décuplé ses forces, mais ne se veut plus en Superwoman à 100 à l’heure. Elle se réinvente et vibre de mille mots. Écriture d’un livre pour partager ce que la maladie lui a révélé, projet de Stand Up avec Delphine Delepaut (coach pour le spectacle de La Ligue), et formation en diététique et nutrition. Isabelle entend gagner sa vie à son rythme, en alliant toutes ses passions en lien avec le bien-être et la santé, l’écriture et le théâtre, et proposer des ateliers aux associations comme La Niaque, et aux entreprises.
« En devenant aujourd’hui marraine de La Niaque l’Asso, j’ai choisi à mon tour d’être un soutien pour sa cause. Je tiens à soutenir et faire connaître ce programme d’accompagnement individuel et collectif car spécifiquement adapté et ciblé, entièrement gratuit, il répond à une réelle demande qui fait cruellement défaut aujourd’hui. Il est aussi une aventure humaine qui offre à ses participants l’opportunité de se reconstruire grâce à de nombreux échanges et rencontres avec des partenaires clés et d’aller au bout d’un parcours de vie complexe en se réinventant et en trouvant de nouvelles énergies et perspectives de conditions de vie. »
LP

Béatrice moderne, où l’énergie-vie

Il ne faut pas longtemps pour comprendre que Béatrice Moderne est de toutes les fêtes, de toutes les luttes, de toutes les urgences, quitte à crier à la cantonade un jour de 2012 : « je fonce passer une mammo et je vous rejoins au resto les filles ! ». 46 ans, 6 enfants, une maison qu’elle vient d’acquérir, et un cancer qui voudrait élire domicile. Béatrice répond à ce cancer : « Je n’ai pas le temps… », on peut même se demander si elle ne lui a pas dit « casse-toi ! ».
Les traitements ? Elle les encaisse. La perruque ? Elle la refuse, « Oui j’aime mon crâne chauve ! Vive la chauvitude !! ». Les conseils qui horripilent ? Elle les balaye, « Non ce n’est pas votre maladie mais la mienne ! LA MIENNE et je fais comme je veux !!! »
Aussi, lorsque Sophie Caruso et elle se rencontrent, c’est tout aussi explosif car Béatrice adhère totalement au projet. Son expérience, la perte de son emploi par licenciement pour raisons économiques et sa compréhension de la double peine dans le milieu professionnel d’être femme et de devoir trouver un nouvel emploi avec une interruption de deux ans sur le CV, la convainquent que soutenir La Niaque l’Asso c’est aider à mettre en lumière un véritable problème de société : de plus en plus de gens, de plus en plus de jeunes vont vivre une rupture professionnelle du fait de la maladie. Or, être malade, c’est souvent être seul·e, coupé·e du monde, sans jamais que la question du travail soit abordée. Béatrice Moderne a fait face au cancer, a eu a capacité de se reconvertir, de poser à plat ses envies et de les convertir en projets, au pluriel. Elle sait que toutes et tous n’ont pas cette dynamique, ou le réseau, tant professionnel qu’amical, alors, elle ajoute : « La Niaque, la main tendue tant attendue… je ne pouvais que la rejoindre, je ne pouvais que les rejoindre ». Peut-être La Niaque l’Asso devrait-elle lui emprunter son slogan : « UNE AUTRE VIE COMMENCE, ET JE LA PRENDS À PLEINE MAINS ». LP