Jean-Pierre Martin, Président du comité du Rhône de La Ligue contre le cancer
L’accompagnement des personnes frappées par un cancer a beaucoup évolué et le docteur Jean-Pierre Martin en fait la démonstration en connaissance de cause et avec beaucoup de simplicité.
Jean Pierre Martin : « la recherche médicale a fait d’énormes progrès, notamment par une meilleure connaissance de la maladie et le développement de nombreux moyens thérapeutiques. Le taux de survie des malades a progressé de façon très significative depuis les années 80-90 » explique ce médecin chevronné. Ancien oncologue de la clinique Saint-Jean à Lyon, puis à l’hôpital privé Jean Mermoz, devenu président du Comité du Rhône de la Ligue contre le cancer en 2020, il poursuit sa mission : « améliorer le sort des patientes et des patients ».
Au cœur de sa pratique, la relation à la personne : « Depuis les États généraux du cancer en 1998, il n’est plus possible pour les soignants de parler ‘au-dessus du patient’, comme s’il n’était pas là ». Au contraire « il faut prendre en considération la grande hétérogénéité des situations des personnes touchées par le cancer. Chacune d’entre elles a sa propre histoire et il n’y a pas de recette toute faite, dans les traitements comme dans les soins de support ».
La prise en charge par les professionnels de santé a donc également beaucoup évolué, plus centrée sur la parole du malade, notamment depuis le sida, avec l’émergence des associations de malades au départ largement ignorées voire stigmatisées. Pour le cancer, cette prise de conscience a émergé grâce aux actions de la Ligue qui a été à l’origine de la publication en mars 1999 d’un ouvrage de référence Quand les malades prennent la parole, quelques mois après la réunion des États généraux des malades du cancer qu’elle avait organisés en novembre 1998. Cette reconnaissance a débouché sur une politique publique à part entière, le cancer étant reconnu en 2002 comme une priorité nationale, déclinée depuis en « Plans Cancer » pour harmoniser la prise en charge et viser à l’égalité de traitement pour tout citoyen quel que soit son lieu de prise en charge.
« De patient objet, les malades ont acquis le statut de patient acteur » se félicite Jean-Pierre Martin qui a à cœur de transmettre son expérience auprès des futurs professionnels de santé.
Depuis sa création il y a plus 100 ans, le Comité du Rhône de la ligue contre le cancer s’efforce de tout faire pour rester fidèle à sa devise : « tout ce que l’on peut faire contre le cancer la Ligue le fait. »
Action de prévention, soutien à la recherche, développement des soins de supports pendant le parcours de soins et accompagnement dans la phase de l’après traitement : « Après les traitements médicaux, les patients doivent reprendre la main sur un corps qui les a trahis et retrouver la maîtrise de leur quotidien. Or 50 % de nos patients sont encore en âge de travailler « , précise-t-il. C’est pourquoi la Ligue s’intéresse aux actions menées par les associations, et en particulier par La Niaque qui agit pour l’émancipation des personnes frappées par la maladie : « l’accompagnement de réinsertion dans la vie est un axe important pour la Ligue. Et chaque patient doit parcourir son propre chemin, il ne peut y avoir d’injonction car personne ne sait ce qui va se passer. Aujourd’hui, beaucoup de personnes survivent à la maladie. Il leur faut apprendre à vivre avec cette pathologie, reprendre confiance, retrouver du sens dans leur vie sociale et professionnelle. Il nous faut aussi sensibiliser les entreprises et les pouvoirs publics. Car le plus dur pour le malade, c’est bien cette expérience : il y a lui et il y a les autres qui n’ont pas traversé l’épreuve et ne se montrent pas forcément empathiques et accueillants » témoigne cet humaniste qui a recueilli nombre de confidences de ses patients.